Sémantique

A l’aide d’une Grammaire Visuelle, différentes structures de codage (cf. réglage de l’adjectif antéposé vs. postposé) peuvent être montrées non seulement d’un point de vue linguistique, comme dans le cas des all. blaue Augen vs. fr. des yeux bleues, mais elles peuvent être aussi représentées comme s’écartant de la signification prototypique. Dans le cas de la construction une (ancienne) école (ancienne), seule la position (l’adj. antéposé “ancienne” ou postposé / prototypique “ancienne”) détermine la signification de l’adjectif. En raison de l’orbite flexible, les deux variantes se situent dans les limites de la flexibilité linguistique. Cependant, la position du prototype est associée à la signification du prototype et la variante s’écartant du schéma de codage original est perçue comme sémantiquement marquée avec une extension sémantique réduite (“un bâtiment qui n’est plus utilisé comme école”). Les positions canoniques n’exigent pas que le destinataire interprète ce qui a été dit. Les positions non prototypiques représentent une sorte de marquage de l’énoncé. Le destinataire doit donc se demander pourquoi le locuteur met l’accent sur une certaine partie de la déclaration en s’écartant des modèles conventionnels. Pour ce faire, il doit “ouvrir” l’élément en question et l’examiner de plus près afin d’en comprendre le sens. L’adjectif postposé signifie que l’école est vraiment ancienne et l’adjectif antéposé indique que le bâtiment ne sert plus d’école :

Afin de mieux comprendre ce processus, le même phénomène, mais cette fois dans le domaine grammatical, est illustré à l’aide d’un exemple contrastif.

La différence entre indicatif et subjonctif en allemand peut être facilement illustrée à l’aide structures syntaxiques. L’énoncé à l’indicatif Ich weiß, dass Du einen Freund hast der Russisch sprechen kann ‘Je sais que tu as un ami qui connaît le russe’ peut être reproduit dans la grammaire virtuelle comme suit :

La représentation du désir Ich suche einen Freund der Russisch sprechen sollte ‘Je recherche un ami qui connaisse le russe’ nécessite une structure syntaxique plus complexe. Le subjonctif infère l’idée de sollen ‘devoir’:

En français, le subjonctif n’est pas marqué de manière extrinsèque, mais intrinsèque au verbe. La conséquence en est que la différence n’est pas visible au niveau syntaxique. L’expression je l’aide de sorte qu’il réussit / réussisse dans le sens « chaque fois que je l’aide il réussit » ne diffère pas structurellement de l’interprétation « je l’aide sans savoir s’il réussira ». Cependant, en employant le subjonctif, le locuteur indique qu’il n’a aucun contrôle sur l’énoncé ou l’événement (Vesterinen & Bylund, 2013). Dans le cas particulier, le verbe au subjonctif exprime que le locuteur n’a aucun contrôle sur le succès de la personne aidée. Ainsi, alors que la proposition à l’indicatif ne requiert aucune interprétation de la part du destinataire, la proposition au subjonctif contient des informations sémantiques supplémentaires en français :

 

 

 

La différence syntaxique entre l’énoncé (Je sais que vous avez un ami qui connaît le russe) et le désir pur (Je recherche un ami qui connaisse le russe) illustré dans les figures suivantes est donc codé syntaxiquement au niveau de la proposition subordonnée de manière identique :

 

 

 

Le destinataire doit donc interpréter la forme (connaît vs. connaisse) comme une marque de l’absence de contrôle du locuteur [-contrôle] sur la réalisation de l’énoncé afin de comprendre la différence.